01I Alban Poudret, tu signes un documentaire historique. Comment as-tu eu l'idée de ce film?
J'ai toujours savouré les propos de Neco (ndlr : le surnom de Nelson PESSOA, père de Rodrigo). C'est un très fin observateur du sport. Je consacrais une dizaine de pages en 2016 dans le magazine Cavalier romand et dans l'Eperon juste avant les JO de Rio à Neco et Marcel Rozier qui racontaient leurs 10 olympiades : comme cavaliers, pères de cavaliers et coaches. Je me suis dit que ce serait vraiment mieux en film.
Ce serait 60 ans de sport équestre et d'évolution de ce sport.
L'idée donc est née en mai 2016 quand les ai mis en face à face pour les interviewer à la Baule. Après j'y ai pensé souvent. Je me suis associé au réalisateur Nicolas Bossard qui réalise des films sur les grandes expéditions de montagne. Et on a fait ce film, ce fut long. Mais je voulais le finir pour le Concours de Genève. C'est un film à compte d'auteur.
02 I Est-ce qu'une image t'a plus marqué qu'une autre?
Non, pas vraiment. Neco a beaucoup de finesse, il dit beaucoup de choses fortes. Il est passionné, éveillé. Peut-être que si je dois en retenir, ce seraient ses grandes victoires en derby. Il a été champion d'Europe, a un palmarès étoffé mais ce que l'on retient ce sont ses 20 victoires en derby. Ces images appartiennent au passé parce que les Derbys disparaissent peu à peu, c'est un exploit que personne d'autre que lui n'a réussi.
03 I Quel est ton premier souvenir de Nelson PESSOA?
Comme spectateur, en 1963 j'avais 6 ans au Concours de Genève. Je me rappelle de ses parcours avec Gran geste et Huipil, on était subjugués. On était tous béats d'admiration. Le deuxième souvenir, c'est notre première rencontre en juin 1978. Je suis jeune journaliste à Paris, j'ai 21 ans, je travaille pour Cheval Magazine à l'époque et on m'envoie au CSI de Saumur. C'est mon premier reportage et le soir Eric Wauters me propose de dîner avec lui et je me retrouve avec François Mathy senior - médaillé olympique -, et Neco. Une soirée incroyable où ils ont raconté 1 000 choses. J'étais fasciné.
04 I Pourrais-tu essayer de résumer son enseignement en une phrase?
C'est un des pères de l'équitation moderne. On ne peut pas résumer son enseignement. Ce que l'on peut dire c'est qu'il sait toujours trouver une solution à chaque problème et chaque solution est toujours adaptée à chaque cheval.
Lui même dit qu'il n'a rien inventé mais qu'il sait observer.
L'observation est pour lui capitale, qu'il s'agisse de bonnes choses ou de moins bonnes choses.
05 I Pour finir, tu nous dis un mot sur le Concours hippique international de Genève que tu pilotes côté sport?
Oui, c'est 28 ans de direction sportive.. ça fait une paye :) C'est un concours qui a une âme particulière en raison de ses 700 bénévoles qui le préparent toute l'année. Chaque bénévole fait les choses avec un amour fou : les décorations de Noël sont faites pendant l'année gratuitement, par exemple, c'est un boulot dingue! Ici, on cultive une ambiance d'amitié et de passion du sport. On place le sport avant tout. On est pas du tout des businessmen, on est entre amis.
Même si on s'est professionnalisés avec l'arrivée de Rolex et du Grand Slam il y a 6 ans, cet esprit demeure. Chez nous, on ouvre grand les portes notamment aux jeunes talents. Dans ce concours, personne ne paie pour monter: il faut juste avoir du talent. C'est un truc fort chez nous. C'est devenu une exception.
Crédits photos : @GettyImages/1970 - @Grand-PrixReplay - @Collection privée Alban Poudret
