Tout grand homme de cheval l’affirme : pour atteindre le plus haut niveau avec son cheval, il ne suffit pas seulement de "travailler", mais plutôt de réussir à établir une réelle connexion avec lui.
Lors de conférences organisées dans le cadre du Normandie Horse Meet Up (Pôle international de Deauville, 21-22 septembre 2023), Sarah Fricoteaux et Corinne Dupeyrat, toutes deux spécialistes de la psychologie équine, mais aussi Jérôme Blasius, dentiste équin, ont témoigné de l’importance d'être émotionnellement engagé avec son cheval pour être performant : c'est grâce à ce lien que notre cheval nous donnerait le meilleur de lui-même en compétitions, affirment-ils.
Cet engagement passe, selon eux, par la bouche, l'observation et l'échange.
Établir une connexion confortable pour mon cheval : la bouche
Pour optimiser ses performances avec son cheval, il faut commencer par comprendre comment il fonctionne physiquement pour ensuite s’adapter à lui, affirme Jérôme Blasius.
Ce dernier met en avant l’importance de faire suivre son cheval par un dentiste équin car les actions de mains d’un cavalier ont un impact direct sur la bouche du cheval quand on y place un mors. Il faut donc s’assurer que cette partie du corps ne soit pas source d’inconfort. La question se pose notamment, s’il se défend, bat à la main ou secoue la tête de manière inhabituelle.
"Faire appel à un dentiste permet avant tout de s’assurer que notre cheval mange bien, mais permet aussi de lui apporter du confort lorsqu’il est monté" affirme Jérôme Blasius
Dents de loups, dents de cochon, surdents coupantes comme des lames de rasoirs, ou même caries : un dentiste peut agir rapidement face à ce type d’anomalie, et cela pourra faire une différence considérable dans l’appréhension qu’il aura d’être monté. Se connecter à son cheval, c’est prêter attention aux premiers signes d’inconfort (En savoir plus: Horse Gang: "Observer son cheval" avec Chloé Corrias, ostéopathe équin)
L’idée est, évidemment, de ne pas attendre les signes d'inconfort mais de mettre en place un suivi régulier du cheval, dès le débourrage, avec le même praticien pour parvenir à trouver des solutions en tenant compte des antécédents propres à chaque cheval. Une consultation une fois par an, puis une fois tous les deux ou trois ans, quand le cheval a plus de 15 ans est idéale. C'est chaque fois l'occasion aussi de de profiter de conseils sur les embouchres ou les exercices à faire...son avis compte.
Analyser le comportement de mon cheval et installer des codes
Au-delà de la ligne directe établie entre la main et la bouche, la connexion revêt également une dimension psychologique. Sarah Fricotaux nous conseille, par exemple, d’installer les premiers codes de l'échange à pied avec nos chevaux, quel que soit leur âge. C'est aussi le crédo de notre ambassadeur Grégory COTTARD et de notre expert éthologue Bertrand COLLINOT qui nous l'expliquent en vidéos dans le programme d'e-learning HORSE GANG (proposé par Horse Republic et Fouganza).
Notre cheval nous parle. Les informations qu’il nous envoie ne proviennent pas seulement de sa tête ou de son corps globalement, mais peuvent être transmises plus subtilement à travers certains muscles qui se contractent, des vibrations sur son corps, sur sa peau, son rythme de respiration, les mouvements de sa queue, de ses membres etc.
"Nous pouvons également regarder la direction vers laquelle regarde notre cheval pour voir s’il est connecté à nous" précise Sarah Fricoteaux
Afin de communiquer avec lui, je dois m’assurer qu’il est attentif et en attente de mes demandes, après quoi je peux commencer à mettre en place des codes de conversation à pied avec lui (En savoir plus: Horse Gang: "Mise en place des codes avec un cheval inexpérimenté" avec Grégory Cottard, cavalier professionnel et Horse Gang: "Le ressenti émotionnel du couple" avec Verity Smith, cavalière professionnelle de para-dressage).
Vouloir se connecter à notre cheval, ce n’est pas juste chercher à le comprendre, c’est également être prêt à adapter notre façon de faire à chaque cheval et à chaque situation.
En tant que spécialiste de la psychologie équine, Sarah Fricoteaux nous raconte que, trop souvent, les cavaliers qui la contactent lui décrivent que leur cheval a perdu confiance et motivation. Pour elle, les raisons sont souvent évidentes : le cheval est incapable de trouver du confort dans son travail. Un sujet qui n'est en général pas vraiment considéré.
S’intéresser à la psychologie de notre cheval dans une logique de performance sportive, c’est donc, dans un premier temps, comprendre son ressenti puis trouver des façon de nous adapter à lui. (En savoir plus: Horse Gang: "L'équitation à pied" avec Bertrand COLLINOT, chuchoteur référent de Horse Republic) .
Communiquer avec lui pour renforcer notre lien
Pour aller encore plus loin, de nouveaux types de communication peuvent nous aider à renforcer notre connexion avec lui dans une logique de performance, telle que la communication intuitive autrement appelée, de "cœur à coeur" ou de "conscience à conscience".
De quoi s'agit-il? La communication intuitive ou animale est une forme de communication non verbale ayant pour but de traduire ce que pense et ressent le cheval. Elle peut se pratiquer à distance et est considéré par bon nombre de cavaliers comme un outil d'aide à la décision.
Lors de ces séances, le cheval apparaît sous forme d’images, d’intuitions, d’ondes, de vibrations ou encore de connexion, dont les théories seraient proches de celles des physiques quantiques, ce qui explique que ce type de communication ne soit pas un don mais une pratique que tout le monde pourrait exercer à force de travail et d’entraînement.
D’après Corinne Dupeyrat, qui présentait ce type de communication qu’elle pratique quotidiennement, les recherches sur la génétique des chevaux et la compétence des vétérinaires ont tellement progressé qu’il faut chercher à faire la différence autrement pour être sportivement plus performant. Ludovic Gaudin, cavalier pro Elite de saut d'obstacles, a fréquemment recourt aux conseils de Ludivine Noël, la référente Horse Republic en communication animale. Il ne s'en cache pas.
D'après Corinne Dupeyrat, la communication intuitive avec les chevaux permet d’améliorer les performances et les compétences en compétition. Questionner ce que les chevaux ressentent en les interrogeant permet de mieux gérer le temps passé en transport, sur les terrains de concours, la gestion par leur cavalier/gardien/soignant, mais aussi améliore la collaboration avec eux pour progresser vers des méthodes qui leur conviennent davantage.
« Les chevaux nous lisent parfaitement et nous sommes transparents pour eux » rappelle Corinne Dupeyrat.
La communication intuitive fournit donc le regard que le cheval porte sur son cavalier et nourrit sur la façon d’agir en conséquence, afin d’avoir une meilleure cohérence et symbiose pour former un couple et révéler son potentiel optimal. "Ce qui amène souvent le cavalier à faire un travail sur lui-même pour se remettre en question et s’adapter aux besoins de son cheval", affirme Corinne Dupeyrat.
Besoin d'avis avant de vous lancer ? Écoutez notre podcast "Communication animale, faut-il y croire ?" avec Ludivine Noël, notre ambassadeur Alex Mathieu et la fondatrice de Horse Republic, Florence Amalou.
Au travail :)