Lutter contre la  RHINOPNEUMONIE
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Lutter contre la RHINOPNEUMONIE

Comprendre et prévenir la contamination.

La rhinopneumonie est une maladie très contagieuse. Elle existe sous 3 formes : respiratoire, nerveuse et abortive. On peut collectivement adopter un comportement prudent et éviter sa propagation. Comment? On fait le point ici.



La situation MISE À JOUR : samedi 13 mars 10:00



Environ 50% des chevaux ayant participé au CSI de Valence (ESP) présentent ou ont présenté des signes cliniques de rhinopneumonie selon un bilan du RESPE publié le 8 mars. Quelques chevaux ont été hospitalisés sur place, et 10 sont décédés. La semaine dernière des cas ont également été confirmés aux CSI de Vejer de la Frontera (Sunshine Tour) et d’Oliva (Mediterranean Equestrian Tour) qui ont interrompu leurs compétitions.


En France, 15 plusieurs foyers ont été confirmés - en lien avec le foyer d'origine à Valence - dans les départements du Calvados, Haute-Savoie, Hérault, Charente-Maritime, Dordogne, Gironde, Indre et Loire, Manche, Mayenne, Rhône, Seine-et-Marne.


Les chevaux présentent des fièvres et des symptômes respiratoires le plus souvent. Aucun n'est décédé. "Le nombre de cas reste, pour l'instant, dans les valeurs habituellement observées à cette époque de l'année" en France, note le RESPE.


Suspension des compétitions à huis-clos et quarantaines


  • Les concours internationaux sont suspendus jusqu’au 11 avril en Europe continentale par la FEI
  • Les concours FFE et SHF sont suspendus jusqu'au 28 mars 2021
  • Les concours SFET sont suspendus jusqu'au 28 mars 2021
  • Les courses de Trot et de Galop se poursuivent
  • La saison de monte (reproduction) se poursuit
  • Les rassemblements (ventes, démonstrations, etc..) sont déconseillés
  • Les chevaux rentrant d'Espagne sont mis en quarantaine (Lamotte Beuvron, Le Mans,..)
  • Les clubs et poneys-clubs ne sont pas touchés



"Au-delà de la France, de nouveaux cas d’HVE1 en lien avec Valence ont également été confirmés en Belgique, en Allemagne, en Suisse, en Italie, en Suède et au Qatar", affirme aujourd'hui le RESPE.




Qu'est-ce que la rhinopneumonie?


On devrait plutôt parler de virus "herpes" responsables de cette maladie : le HVE-1 (herpès virus équin de type 1) et le HVE-4 (herpès virus équin de type 4). Lorsqu'un cheval est infecté par l'un de ces virus il peut le conserver dans son organisme sous forme latente, et ne jamais l'activer, soit le ré-activer après l'avoir déjà eu une première fois.


On estime à environ 60 % la proportion de chevaux porteurs "sains" de ce virus.



Comment se transmet-elle?


Essentiellement par contact, pour sa forme respiratoire, via les sécrétions respiratoires (quand les chevaux se sentent ou partagent la même zone de ration par exemple) mais aussi dans l'air jusqu'à 5 mètres. Il est donc important d'interrompre les contacts entre les chevaux et poneys dès qu'une suspicion de rhinopneumonie existe dans une écurie ou un troupeau.


Pour la forme abortive (le virus provoque l'avortement d'une jument gestante 9 jours à 4 mois après la contamination), la contamination peut provenir de sécrétions utérines d'une jument voisine ou plus simplement par contact avec du matériel ou des personnes contaminées.


Certains chevaux n'ayant pas eu de contact entre eux peuvent aussi être contaminés car les virus peuvent survivre plusieurs jours dans l'air et l'environnement extérieur.


L'observation, la prudence et la patience sont de mises dès que des cas ou des foyers sont détectés.

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Comment protéger nos chevaux ?


En cette période de risque accru (72 chevaux ont été diagnostiqués positifs au CSI de Valence - ESP), il est recommandé de séparer les chevaux à risque (jeunes chevaux ou chevaux se déplaçant ou revenant de concours), et de les isoler en quarantaine, avec surveillance et prise de températures quotidiennes.



Isoler les chevaux présentant une température plus élevée qu'en temps normal (même sans autre symptôme)


Commencer par soigner, et s'occuper des chevaux sains et finir par ceux malades (dans cet ordre et ne pas alterner) ou, mieux, attribuer les soins aux chevaux suspectés et/ou malades à une seule et même personne qui n'aura plus aucun contact avec le lot de chevaux sains.


Idem, il est recommandé d'utiliser du matériel réservé aux chevaux sains un autre pour les chevaux en quarantaine et un autre pour ceux malades, séparément.


Une fois le cheval malade parti ou guéri, il faut vider entièrement les boxes, détruire les litières contaminées, nettoyer et désinfecter les locaux (boxes, salles de soins etc..) puis attendre 72H avant de repailler et réintroduire un autre cheval (vide sanitaire).


Ne pas oublier (aussi) de désinfecter les camions, vans et plus généralement tout le matériel qui a été en contact avec un cheval diagnostiqué positif.


Les deux types de virus sont sensibles au savon et à tous les désinfectants usuels.



Comment détecter l'infection?


Les symptômes apparaissent en général 10 jours après la contamination.


La forme respiratoire de la maladie ressemble à une légère grippe (un peu de fièvre, toux, écoulement nasal) et dure 1 à 2 semaines. Parfois ces symptômes sont plus sévères ou complexes notamment chez les jeunes chevaux au travail.


Il est nécessaire alors, d'appeler son vétérinaire pour un diagnostic.


La maladie est en France très fréquente - le RESPE dénombrait 12 foyers en 2019 et plus de 120 en 2018.


Chez les chevaux vaccinés, l'infection peut ne pas être visible.


La forme abortive n'est pas forcément visible non plus car la jument gestante peut n'avoir aucun symptôme. Le poulain peut même naître à terme, il présente alors des difficultés respiratoires et meurt quelques jours plus tard (en ayant contaminé les autres malheureusement).


La forme nerveuse présente des signes visibles à l'oeil. On note des troubles légers de la locomotion, des mouvements désordonnés des membres, voire de petites paralysies. Seule la forme neurologique grave peut nécessiter l’euthanasie du cheval.


Dans tous les cas, un test PCR (comme chez l'homme) ou par prélèvement sanguin permet au vétérinaire de vérifier avec certitude l'existence de la maladie, notamment dans sa forme respiratoire.



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Existe-t-il un traitement?


Il n'existe pas un médicament susceptible de soigner la rhinopneumonie spécifiquement. Comme pour la plupart des maladies virales, les vétérinaires prescrivent une couverture antibiotique en cas d'infection bactérienne voire des anti-inflammatoires non stéroidiens. Sinon, la guérison est une affaire de patience.


Les chevaux atteints par la forme respiratoire de la maladie doivent être mis au repos au minimum pendant 3 semaines, à compter de la fin des symptômes.


Pour les chevaux atteints de la forme nerveuse, même chose même si les symptômes sont impressionnants. On peut soutenir le cheval avec un harnais afin d'éviter les chutes ou qu'il se fasse mal en ayant des difficultés à se relever.


Pour les juments gestantes, l’avortement n’est en général suivi d’aucune autre pathologie. Aucun traitement n’est donc nécessaire. Il n’existe pas non plus de « traitement préventif » pour éviter l’avortement lorsqu’une jument a été contaminée.


Qu’on se le dise, la vaccination contre cette maladie n'est pour l'instant pas obligatoire en France, sauf pour les chevaux de course et certains étalons reproducteurs.


La vaccination et la mise en quarantaine de chevaux qui voyagent, limitent les risques.


Si les vaccins n’empêchent pas de façon certaine la rhinopneumonie, ils permettent de diminuer la sévérité de la maladie et la durée des symptômes. Surtout, ils permettent de diminuer le risque de contamination en diminuant les sécrétions du cheval malade.


L'approche la plus efficace est donc l'approche globale.


On ne vaccine pas un animal à risque mais l'ensemble des chevaux d'une écurie ou juments d'un élevage. Et on suspend, comme en ce moment, les rassemblements de chevaux venus de différentes destinations.


En revanche, le vaccin ne protège pas de la forme nerveuse.


Attention, des difficultés d'approvisionnement en vaccins ont été signalées par l'IFCE ces dernières années.


Bon courage à tou(te)s! On va y arriver :)

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