Olivier BOST : "Le circuit Super AS-Horse Republic, c'est l'équivalent du Grand National pour les chevaux"
Sport - INTERVIEW

Olivier BOST : "Le circuit Super AS-Horse Republic, c'est l'équivalent du Grand National pour les chevaux"

Horse Republic : Que représente le Circuit SUPER AS FFE-Horse Republic dans la carrière des cavaliers de haut niveau à poney?

Olivier Bost : Le circuit Super AS FFE-Horse Republic, c'est l'équivalent du circuit Grand National pour les chevaux. On a 10 étapes en France réparties sur le territoire qui préparent le Championnat de France Poney et servent de socle aux sélections des équipes de France pour les CSI et CSIOP importants en Europe. Le Championnat de France Poney à Lamotte Beuvron est, aux yeux de Bertrand et de moi, l'objectif de la saison "nationale" à poney.

Bertrand Poisson : Ce Championnat national est l'aboutissement des étapes Super AS-Horse Republic qui se déroulent jusqu'en juillet, et où nous sommes présents pour détecter et former les couples d'avenir.


Horse Republic : Combien d'étapes de ce circuit doivent faire les couples qui veulent faire du haut niveau?

Olivier Bost : Il y a un bon suivi, on leur demande d'être présents mais on oblige personne à y aller. Il y en a une à Lyon où beaucoup de couples sont présents, dans 15 jours, il y en a une autre à Villers Vicomte où Bertrand sera présent puis Deauville où je serai présent...

Bertrand Poisson : Participer n'est pas une obligation, mais celui qui veut continuer à être formé ou être identifié dans le groupe Elite pour prétendre au haut niveau, doit passer par les compétitions Super AS. Un couple assidu en loupera peut-être 2 ou 3 pour des questions d'éloignement géographique ou de date. Mais souvent, les couples intéressés par le haut niveau suivent bien le calendrier.


Horse Republic : A la différence du Grand National, la plupart des enfants à poney, n'ont qu'un poney.

Olivier Bost : C'est vrai, certains ont des jeunes poneys qu'ils mettent dans de plus petites épreuves, et quelques uns ont deux poneys pour les Grands Prix. C'est la force de ces deux circuits ouverts : tu n'es pas obligé d'être sélectionné pour les courir. Tu t'engages, tu participes et tu dois montrer au staff fédéral ce que tu es capable de faire. Si tu as deux cartouches, tant mieux.

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Horse Republic : Est-ce que cette nouvelle saison signe la fin d'un groupe, d'une génération, et le besoin d'aller rechercher des nouveaux couples?

Olivier Bost : On a pas cette sensation, nous. Tous les ans, c'est le recommencement d'un groupe. C'est tous les ans la fin d'un cycle. Tous les ans, on perd 3 ou 4 couples et on en reconstruit 3 ou 4.

Bertrand Poisson : Il y a un souci fédéral d'élargir la base de nos cavaliers pour essayer de les détecter le plus tôt possible et d'identifier les cavaliers qui veulent continuer vers le haut niveau pour essayer de donner une chance à tout le monde. La Fédération propose depuis l'an dernier des formations en région, avec des cadres techniques pour les aider à évoluer plus vite.


Horse Republic : Vous cherchez à identifier les couples poney qui peuvent entrer en équipe de France plus tôt, c'est la nouveauté ?

Olivier Bost : Oui. On s'est rendu compte, depuis 12 ans que l'on fait ce travail, que nos jeunes cavaliers sont prêts quand ils ont 22 ou 23 ans, que nos juniors sont prêts quand ils ont 19 et 20 ans... On doit anticiper davantage.

A cheval, on organise depuis deux ans des stages "jeunes talents" pour les children avec l'idée d'approfondir un peu plus tôt le travail sur le plat, de leur dire plus tôt ce qu'on attend d'eux pour accéder au haut niveau...

Cette année, on a voulu mettre ça en place pour les poneys : on a convoqué 100 poneys, 80 ont répondu présents et sur les 80, on en a retenus 35 que l'on va revoir deux fois dans l'hiver pour les aiguiller sur le travail sur le plat, leur dire ce que l'on attend d'eux en terme de préparation mentale, etc... Cela va nous permettre de préparer un peu plus tôt nos équipes de 2025, 2026 et 2027.


Concrètement, comment s'est organisé ce grand rassemblement ?

Olivier Bost : On a convoqué des couples As 2 et As 1, on les a fait travailler pendant 3/4 heure en dressage et 3/4 heure à l'obstacle pour leur apporter quelque chose, en même temps qu'on les observait. Et on leur a dit : "ne restez pas dans vos régions, il y a un circuit super AS avec 10 étapes, les sélectionneurs seront là, il y aura toujours quelqu'un du staff fédéral pour répondre à vos questions et si vous êtes là, on pourra échanger, apprendre à vous connaître". L'idée est d'instaurer un échange permanent avec eux pour être plus au point quand on abordera les prochains Championnats d'Europe et les prochains CSIO.

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Horse Republic : Alors quels sont les objectifs de cette saison 2024?

Olivier Bost : On a un objectif, c'est bien sûr de faire une médaille aux Europe - Opglabbeek (BEL) 25-28 juillet 2024 -, car c'est notre rôle de sélectionneurs. Mais on doit plus largement préparer les cavaliers de demain si un jour, ils participeront par exemple au CSI5* de Lyon, ou peut-être aux Jeux Olympiques. L'idée est de former des gens de chevaux, des futurs cavaliers de haut niveau senior, de qualité.

Plus on les a tôt, quand ils ont 11 ans ou 12 ans, plus on leur donne tôt le chemin pour accéder au haut niveau, et plus ils iront vite et plus on sera performants dans les équipes senior nationales. Roger-Yves Bost est issu du poney, comme Mégane Moissonnier, Jeanne Sadran ou Simon Delestre. Quand on voit leur palmarès senior, on se dit que cela fonctionne. On aimerait juste qu'il y en ait plus, et qu'ils soient prêts plus tôt.

Bertrand Poisson : Aujourd'hui à poney, on doit enlever les barrières qui les impressionnent et les empêchent de venir nous voir. C'est pour cela que l'on va au devant d'eux au départ, pour créer des échanges et surtout leur proposer de la formation. On crée un stimuli, on crée la motivation. On veut leur faire comprendre que, eux aussi, ils peuvent y arriver. On essaie aussi de comprendre le contexte, les parents. C'est important de discuter avec leurs coaches.

Olivier Bost : Concrètement, en matière de rendez-vous 2024, on est en train de réfléchir. On va déjà faire notre circuit Super AS-Horse Republic tranquillement, se retrouver à la sortie de l'hiver à Jardy pour la première étape extérieure. Et fin mars, on aura notre groupe de 7 ou 8 couples pour avancer vers une première échéance internationale en avril.


Est-ce que vous êtes toujours d'accord tous les deux ?

Olivier Bost : Ah oui.

Bertrand Poisson : Nous deux? On nous appelle les vamps (rires..)

Olivier Bost : Cela fait 12 ans que l'on travaille ensemble, franchement parfois on hésite sur un couple, mais on est en général synchro sur ce qu'on attend d'eux et ce que l'on recherche à la fin.


Comment avez-vous vécu la 4ème place aux Championnats d'Europe au Mans cet été : estimez-vous que c'est une contre-performance?

Olivier Bost : J'étais très déçu pour les enfants. On avait une très belle équipe. On a eu quelques petits soucis pendant la saison avec un ou deux poneys pas au top de leur forme. On a jonglé avec des hésitations, les deux couples cavaliers poney nous ont mis un doute... C'est pour cela qu'on a hésité longtemps. Mais on était convaincus en avril que ce serait cette équipe là. Malheureusement, on a pas réussi à aligner le premier jour les sans fautes que l'on aurait du aligner.

Pourquoi ces cavaliers aussi opérationnels en fin de saison, n'ont pas réussi à faire des sans faute le premier jour? On se pose encore la question. Ils ont fait quatre fois quatre points. C'est vraiment pas grand chose... Aucun cavalier n'a fait de contre-performance. Je n'en veux à personne.

Bertrand Poisson : Oui, on se pose encore la question. On essaie de trouver la réponse. C'était pas grand chose, avec un sans faute on était sur le podium. Personne ne s'est écroulé.

Olivier Bost : Quand on allait en Pologne, les 3 Championnats précédents, on a à chaque fois fait une médaille. On partait à 1800 kms, on isolait le groupe et on créait un lien particulier. Et on revenait avec un podium.

Bertrand Poisson : Là on était à domicile, tout paraissait peut-être trop "normal", un concours un peu trop "comme les autres".


Est-ce que préserver les poneys sous drapeau français est un défi aujourd'hui?

Olivier Bost : Non. On est une belle nation de production de poneys, on a de bons éleveurs qui ont compris que le poney était important. On a des très bons poneys et c'est normal que les très bons poneys profitent à l'Europe entière. Beaucoup viennent en acheter en France.

En tant que sélectionneurs, on aimerait tous les garder mais tu ne peux pas empêcher quelqu'un de vendre quand tu as une grosse somme d'argent proposée. D'autant qu'il faudra de la trésorerie, ensuite, pour passer à cheval.

Bertrand Poisson : C'est double peine car on les perd quand ils sont vendus, et on les a contre nous ensuite!

Olivier Bost : Cela fait toujours une émotion quand tu vois de très bons poneys combattre contre toi aux Championnats d'Europe, mais ça fait partie du jeu. Là on est en train de reconstruire une belle équipe, on est confiants, on va refaire une médaille.

Olivier BOST et Bertrand POISSON

Olivier BOST et Bertrand POISSON

  • Olivier BOST est sélectionneur des équipes de France Poney, Children, Junior et Jeunes cavaliers. Cavalier Pro jusqu'en 2010, il est instructeur d'Equitation BEES 2. Installé au Hars des Brulys à Barbizon (77), il est le frère du cavalier de l'équipe de France de saut d'obstacles, Roger-Yves Bost.


  • Bertrand POISSON est l'entraîneur des équipes de France Poney depuis 2022. Ancien cavalier international de concours complet, instructeur BEES 2, il est installé aux Écuries de la forêt à Vray-en-val (45). Il est le bînome d'Olivier BOST pour le suivi en dressage depuis 12 ans.