Depuis que la discipline du saut d'obstacles est apparue aux Jeux Olympiques, les obstacles et leurs designs ont fortement évolué. Quels sont les changements majeurs apparus au fil des années dans la construction des pistes ?
Au départ, de simples branches d'arbres, les obstacles sont devenus des œuvres d’arts qui désormais célèbrent la ville hôte des JO. Il n'existe pas de norme réglementaire. Tout étant laissé à l'appréciation des Fédérations via les chefs de piste, la créativité et l'imagination des constructeurs et des organisateurs ont grandi au fil des éditions olympiques.
Petite retrospective pour mesurer le chemin parcouru.
Les obstacles d'aujourd'hui ne ressemblent plus à ceux d'hier
En 1920, pour les Jeux Olympiques d’Anvers en Belgique, les obstacles étaient particulièrement simples, en bois brut et souvent décorés d’un peu de verdure. Ci-dessous, sûrement le plus élaboré de tous à l'époque : une barrière vide mais ornée de haies de chaque côté.
Crédit Photo : FEI
Pour l’édition organisée à Berlin (Allemagne) en 1936, l’esprit de simplicité est gardé avec un oxer composé entièrement de branches d’arbres posées telles qu’elles sur des chandeliers. Le design n’est pas une priorité et l’authenticité de ce sport outdoor reste au cœur de la piste.
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Un peu plus tard, en 1972 à Munich (Allemagne), on voit apparaître de véritables barres qui tendent à devenir celles usuelles aujourd’hui. Les branches ont laissé place aux barres peintes et aux obstacles davantage "meublés" (remplis entre les chandeliers).
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C’est en 1980, lors des Jeux Olympiques de Moscou (Russie), que l'on découvre les premiers signes olympiques qui vont de paire avec la montée en puissance de la dimension marketing de l'événement sportif mondial : on affirme l'identité de l'évènement en apposant les anneaux olympiques.
Nous sommes en Russie, la volonté politique d'affirmer l'identité de cet événement "neutre" en temps de guerre froide est perceptible.
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Au fur et à mesure des éditions, comme à Séoul (Corée du Sud) en 1988, des conceptions plus esthétiques commencent à voir le jour avec des designs travaillés qui rappellent plusieurs signes symboliques de la ville qui reçoit. Le sport entre dans l'ère du marketing et de la communication dans le but d'accroître l'identité de ces lieux emblématiques et de ces pistes "extraordinaires".
La nouvelle puissance de la télévision est perceptible : les éléments sont en général massifs, car conçus pour être vus même de loin et sur de petits écrans.
Crédit Photo : FEI
Au début des années 2000, les designs d'obstacles se diversifient encore : le marketing a pris du poids dans le sport mais, s'il est désormais habituel de voir des marques sur des obstacles lors de compétitions nationales et internationales, les marques restent strictement interdites de piste aux Jeux Olympiques.
Les villes misent donc sur la conception artistique et thématique pour faire leur promotion, car le marketing préoccupe aussi les territoires : comment faire pour "porter" la marque "ville" au-delà des frontières?
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Les obstacles sont devenus des outils marketing pour les villes
Pas de doute, l’épreuve olympique de saut d’obstacles est devenue un moyen pour les villes hôtes de célébrer leur culture et les particularités de leur pays. On parle d’expériences visuelles destinées aux spectateurs et téléspectateurs afin de tenter de créer des souvenirs inoubliables, mais surtout de marquer les esprits, politiquement et économiquement, à l'échelle de la planète.
Chaque édition a toujours son obstacle emblématique : on se souvient par exemple des étonnants "sumo" à Tokyo (Japon) en 2020 ou de l’emblématique Big Ben sur la piste de Londres (Grande-Bretagne) en 2012. Petit coup d'oeil dans le rétroviseur...
Jeux Olympiques de Sydney - 2000
La culture aborigène et la nature sont à l'honneur
On se souvient particulièrement de cette édition en Australie qui marque l'entrée dans le XXIème siècle.
Sur la piste, on reconnaît des constructions rappelant la culture du pays-continent et ses paysages naturels uniques... Nous n'étions pas loin de voir des kangourous et des koalas, animaux symboliques du pays, se balader sur la piste à côté de l’opéra de Sydney qui prenait place au centre... On y voit aussi des totems, ode aux communautés originelles, des bâtiments emblématiques ou encore le célèbre boomerang, symbole de l’Australie et de la culture aborigène.
Jeux Olympiques d’Athènes - 2004
L'occasion de rappeler la source de l'olympisme
Pour cette édition en Grèce, c’est évidemment la racine historique grecque qui a été mise à l’honneur : un point d’honneur a été mis à rappeler la force et la puissance du bassin historique de l'olympisme. Les cavaliers et chevaux ont montré leur talent en sautant des obstacles imaginés autour de l'architecture de la Grèce antique avec des colonnes et des reproduction partielles de temples historiques, des idées de personnages mythologiques ou la reprise de motifs classiques de l’âge d’Or.
Jeux Olympiques de Pékin - 2008
Une dimension politique pour des épreuves d'équitation organisées à Hong Kong
Pékin, capitale de la chine, n’a pas laissé place au doute concernant les liens de la ville avec Hong Kong via le design de ses obstacles. Les traditions chinoises étaient mises en avant sur la piste de Hong Kong - où se déroulaient les épreuves d'équitation -, à travers des constructions colorées et travaillées. On pouvait compter sur la présence de la Grande Muraille de Chine, d’un magnifique dragon rouge ou encore de pagodes et cerfs volants typiques du pays. Ce L'occasion de réaffirmer, aussi, que Honk Kong est désormais un territoire chinois.
Jeux Olympiques de Londres - 2012
La ville joue sur ses symboles emblématiques
Les Britanniques ont également sorti le grand jeu pour proposer aux cavaliers et aux télévisions, une piste face au dôme de la Cathédrale St Paul. La culture londonienne a été mise à l’honneur avec notamment un bus rouge typique anglais tagué de la mention “London 2012”. Un hommage à également été rendu à l'architecture de la ville et à plusieurs de ses monuments historiques : on a pu retrouver l’emblématique Big Ben ou encore l’immense tour de Londres. Sans oublier les cabines téléphoniques rouges typiques de la ville.
Jeux Olympiques de Rio - 2016
Un carnaval coloré et joyeux pour un pays qui en a fait sa vitrine
Les couleurs vives et l’énergie particulièrement festive de l'édition de Rio de Janeiro ne pouvait représenter un autre pays que le Brésil. Les obstacles ont célébré notamment le Christ Rédempteur, symbole planétaire de la ville et apercevoir des éléments du carnaval de Rio, des plages typiques mais aussi certains des motifs censés représenter la forêt amazonienne. Les traditions locales étaient représentées et l’atmosphère positive du pays, en crise, devaient être portées à travers le monde.
Jeux Olympiques de Tokyo - 2020
Sans public, le Japon mise sur la télévision
La dernière édition en date des Jeux Olympiques a proposé une combinaison entre la modernité et les traditions japonaises, clairement visible sur la magnifique piste de Tokyo. Malgré une arène particulièrement vide liée au contexte sanitaire mondial (covid-19), la ville a su créer une belle ambiance sur la piste destinée aux télévisions du monde. Les fleurs de cerisiers et les jardins japonais offraient une douceur à la piste contrastant particulièrement avec la rigueur des samouraïs et des architectures modernes, particulièrement carrées et pointues.
Jeux Olympiques de Paris - 2024
Le secret est bien gardé...
Le parc d'obstacles de l'édition française n'est pas encore connu. Il est même jalousement tenu secret, montrant à quel point les organisateur cherchent désormais à surprendre le monde. On s’attend à ce que des monuments parisiens, comme la Tour Eiffel, la pyramide du Louvre ou encore l’Arc de Triomphe, soient mis en avant. Les symboles de la culture française - verrons-nous une baguette et un béret ? - devraient également être mis à l'honneur sur la piste installée dans le parc du chateau de Versailles.
Si les obstacles olympiques sont désormais des vitrines de communication pour les villes hôte, la sécurité des chevaux comme des cavaliers reste la priorité des instances sportives et des chefs de piste, seuls décideurs in fine. Et c'est tant mieux.