Améliorer le bien-être des chevaux et des humains dans les écuries, c'est possible!
Bien-être - PRATIQUE

Améliorer le bien-être des chevaux et des humains dans les écuries, c'est possible!

Alors que de plus en plus de cavaliers s'interrogent sur les conditions de vie des chevaux, comment (re)penser sa structure équestre en faveur du bien-être équin et humain? C’est au Normandy Horse Meet’Up, organisé fin septembre au Pôle International du cheval à Deauville, que nous avons trouvé quelques réponses à nos questions. 



Le bien-être dans les structures: de quoi parle-t-on?


Diriger une écurie, c’est aujourd'hui (aussi) chercher à optimiser au maximum sa structure pour des chevaux et salariés heureux.


Contrairement à bon nombre d'idées reçues, l'amélioration du bien-être des chevaux hébergés dans des écuries qu'elles soient intérieures ou extérieures est possible, sans que l’humain soit esclave de son activité.


Comment, concrètement, mieux prendre en compte le bien-être du cheval au quotidien? En tenant compte, d'abord et systématiquement, des piliers du bien-être du cheval qui sont aujourd'hui clairement connus :

  • La vie en troupeau, comme nous, les chevaux ont besoin d’interactions sociales
  • Une alimentation fragmentée, fibrée en quantité et de qualité
  • Le mouvement et l'activité physique quotidien
  • La préservation de la santé (physique et mentale) et la sécurité


Dans l'application Horse Republic, par exemple, les critères d'évaluation des structures équestres prennent en compte ces conditions environnementales et de respect de l'intégrité physique et psychiques des chevaux, dans le questionnaire proposé à chaque utilisateur qui souhaite donner un avis.



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L'offre d'hébergement change


De plus en plus d'écuries recensées dans l'APP refusent par exemple les cols de cygne (dont le seul mérite est d'éviter la dégradation du bois), proposent des sorties quotidiennes au paddock, veillent à la ventilation et au confort des litières et à la quantité de fourrage quotidienne proposée par exemple.


Les vieilles habitudes sont progressivement abandonnées : un cheval de sport peut vivre en troupeau ou en abris/paddock sans menacer ses performances sportives.


De la même façon, les hébergements individuels se sophistiquent et l'offre d'hébergements collectifs de développe.


L’hébergement individuel comprend plusieurs types d’abris comme les boxes et les boxes-terrasses. Ce sont des habitats qui permettent une alimentation personnalisée, en revanche, celle-ci nécessite davantage de main d'oeuvre. La circulation du cheval reste assez limitée. Il est donc impératif de proposer une activité physique quotidienne au cheval.


Les chevaux peuvent vivre en petits groupes de 2 ou 3 dans des prés avec des abris par exemple, avec accès à des stabulations. Ils peuvent être en contact avec les autres chevaux mais ne disposent pas d’une nourriture personnalisée.


Enfin, la vie en troupeau est possible dans des grands prés collectifs ou des équi-pistes. Ces modes de vie permettent aux chevaux un contact permanent avec plusieurs autres chevaux mais toujours une alimentation collective. 


Les écuries actives ont aussi connu un rapide essor ces dernières années.

Dans cette structure, le cheval se rapproche de son mode de vie à l’état naturel. Il est libre de pouvoir se dépenser en circulant autant qu’il le souhaite au sein d’un troupeau.

Les écuries actives, praticables toute l’année, disposent de nombreux avantages pour les chevaux. Au cœur de celles-ci, différents espaces sont aménagés pour répondre aux différents besoins des chevaux comme des espaces de repos ou d’alimentation.


Quel que soit le type d'hébergement retenu, toujours observer et adapter en fonction des besoins particuliers de chaque cheval. 

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Plus d'autonomie pour les chevaux et moins de contraintes pour les humains


Dans les écuries actives par exemple, les chevaux se nourrissent quand ils le souhaitent en se dirigeant vers un DAC (Distributeur Automatique de Concentrés). Ce distributeur reconnaît le cheval qui se présente à l’aide d’une puce dans un bracelet ou un collier. L’alimentation est donc personnalisée et individualisée en fonction des besoins de chaque cheval et peut être fragmentée pour être distribuée plusieurs fois par jour.


Ces équipements étudiés pour le confort du cheval, apportent aussi davantage de confort aux humains gardiens des chevaux.


Effectivement, en raison d’une alimentation automatisée et de la circulation permanente des chevaux, la main d'œuvre humaine est diminuée de 60 à 70% selon Fanny Pierrard, chez Eco-Ecurie qui conçoit ces formats d'écuries actives. Cette diminution de la main-d'œuvre signifierait un gain de temps appréciable qui permettrait, notamment, de profiter des chevaux en passant plus de temps avec eux et en améliorant la qualité de la relation.


Reste le sujet du coût pour ce type d'équipement. Dans la plupart des cas, les frais vétérinaires diminueraient en raison d’une activité régulière et d’une alimentation équilibrée du cheval.


Si l'on constate chez Horse Republic que les écuries sans herbage sont désormais délaissées par les propriétaires de chevaux, on estime aussi que dans un futur proche, le prix des pensions pourraient évoluer en fonction de ces nouveaux critères.

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Et le bien-être humain dans tout ça?


Si l'on se réfère à la notion de bien-être d'un salarié, tel que défini par "l'état de satisfaction, de confort et de sécurité ressenti par un salarié dans son environnement professionnel”, le bien-être du professionnel responsable d'une structure équestre est menacé. 


Si se préoccuper des chevaux est assurément la priorité, il ne faut tout de même pas oublier le confort des ceux qui travaillent dans les structures équestres. Leur bien-être serait conditionné par quatre impératifs : 

  • La réduction de la main d’oeuvre qui signifie un gain de temps et une moindre fatigue
  • La satisfaction des clients
  • Le bon temps passé avec les chevaux et la capacité à encore prendre du plaisir
  • La rentabilité de la structure pour être serein


Pour l’humain, et comme dans n'importe quelle activité rémunérée, il est essentiel de se sentir bien mentalement et physiquement en cherchant à éviter que "travailler" ne devienne synonyme de supplice ou de sacrifice.


Amandine Cros, dirigeante de DDE (Développement Durable Équestre) explique, par exemple, que trois réflexions doivent être menées par les responsables et salariés pour (re)trouver du sens et s'épanouir dans leur entreprise équestre : 

  1. Savoir ce qui fait sens pour soi-même afin de savoir ce qu’il faut améliorer 
  2. Trouver les moyens à mettre en œuvre, en se faisant accompagner par exemple
  3. Etablir un plan d’action pour changer les choses et pouvoir partager ses valeurs 


“Je crois que les professionnels et futurs professionnels doivent être plus conscients de leurs propres besoins", confie Amandine.


S'engager dans une démarche encadrée comme celle proposée par le label Equures, label de la filière équine reconnu par le ministère de l’Agriculture, permet aussi d'améliorer la prise de conscience et d'identifier des pistes concrètes d'actions.

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