Du cheval de course au cheval de selle : quel parcours?
Bien-être - REPORTAGE

Du cheval de course au cheval de selle : quel parcours?

#RACEANDCARE

Âge, blessure, performances insuffisantes... sont autant de raisons justifiant l’incapacité d’un cheval à courir en courses. Parfois aussi, les chevaux n’ont simplement plus envie. Les professionnels qui les entourent, très attentifs à leur état, en tiennent compte et envisagent alors un nouvel avenir pour leurs anciens chevaux athlètes.


" Ce sont des chevaux très volontaires, qui font les choses avec le cœur pour nous faire plaisir. » selon Aurélie MALET de l’association Passerelle.


1/ Le rôle des associations


Soucieuse du bien-être des chevaux, l’institution des courses hippiques (France Galop, Le Trot, La FNCH) fait de la deuxième vie des chevaux de course sa priorité.

Elle s'appuie pour cela sur trois associations qui ont pour but de faciliter la transition du cheval de course en cheval de selle, afin les faire entrer en douceur dans leur nouvelle vie. Il s'agit de :


  • La FFR (Fédération Française De La Reconversion)
  • Passerelle (pour les trotteurs) 
  • Au-delà des pistes (pour les galopeurs) 


Ces associations travaillent en partenariat avec des structures équestres (écuries ou centres équestres labellisés) qui ont choisi de contribuer aux soins et à la formation des chevaux, et vont se charger de la mise en place des nouveaux codes de l'équitation.


Une fois la décision prise, le cheval est placé dans une écurie partenaire pour sa reconversion. Cette structure d'accueil est choisie en fonction des besoins et aptitudes qu'a identifiés l'association. Il existe différentes structures spécialisées (convalescence, débourrage, etc.) et dans lesquelles les chevaux sont encadrés par des experts et des professionnels de l’élevage. 


Aucun critère n'empêche l'accueil d'un nouveau pensionnaire par les associations de reconversion à partir du moment où un accord est trouvé avec le propriétaire ou l’éleveur. Tous les chevaux, quelle que soit leur histoire, sont accueillis à bras ouverts afin de leur offrir la formation qui va leur ouvrir une nouvelle vie.


2/ A chaque cheval, son parcours de transition


Les multiples raisons qui motivent une reconversion et le caractère individuel de chaque cheval contribuent au fait qu'il n’existe pas une route unique pour passer du monde des courses au monde de l'équitation.


Les associations estiment que chaque cheval a son histoire particulière, sa personnalité propre et doit donc avancer à son propre rythme sur un parcours bien à lui. Gage de qualité et de contrôle, les associations ont donc pour rôle d’assurer le bien-être du cheval et de le placer dans la structure qui lui convient le mieux. Un cheval blessé sera par exemple en priorité soigné dans un centre spécialisé. 


Il existe autant de chemins de reconversion que de chevaux. 


Etonnamment, la polyvalence des races de course surprend souvent! On retrouve par exemple beaucoup de pur-sangs qui s'épanouissent en Polo, en Horse-Ball ou encore en concours complet. Leur endurance, leur mental et leur grand cœur leur offrent un excellent bagage pour ces disciplines, et de réelles prédispositions.


« Ils peuvent tout faire » dit Carole Desmetz, de l’association Au-delà des Pistes.


Alors on oublie les a priori : le cheval de course souffre souvent, et à tort, d'une image de cheval "fou". C'est une erreur. Leur formation personnalisée et la grande attention dont ils ont fait l'objet dès leur plus jeune âge, en font en réalité des compagnons très mâtures et souvent surprenant de sagesse.


« La polyvalence du cheval reconverti est incroyable et on continue de la découvrir chaque jour. Aujourd'hui les races ont évolué et on voit des choses formidables avec ces chevaux là » nous confie également Julie Degand, de la Fédération Française de la Reconversion.
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Les chevaux qui sont en bonne santé physique et "bien dans leurs baskets", sont aptes à ré-entamer une carrière sportive. Ils seront formés tranquillement aux bases de l’équitation "classique". Car ces codes qui nous paraissent parfois anodins, à nous cavaliers, nécessitent un réel ré-apprentissage chez le cheval inexpérimenté. C’est, par exemple, le cas pour les transitions montantes et descendantes, les changements de direction, l’arrêt ou encore l’exercice du montoir (en particulier pour les trotteurs). 


Pour les chevaux n’ayant jamais eu de cavalier sur le dos, le travail de débourrage sera d’abord fait à pied, puis avec la selle et enfin monté.


Un ensemble de prérequis (ces fameux codes de base de l'équitation classique) doit donc être validé avant de pouvoir proposer le cheval à la vente ou à l’adoption. 



Le séjour des chevaux en formation dans les structures de reconversion dure 1 mois au minimum, car il n'est de l'intérêt de personne de faire les choses précipitamment. Et surtout pas du cheval! Tant que la famille idéale n'est pas trouvée, l’association continue de prendre soin des chevaux et de les former. Ils bénéficient alors d’un travail plus approfondi. 


3/ Comment se passe le placement du cheval ? 


Lorsqu’un coup de cœur a lieu entre un cavalier et un cheval, celui-ci lui est alors vendu sous un contrat associatif. Ce contrat suivra le cheval toute sa vie (même s’il change à nouveau de propriétaire). 


Ce contrat a pour but d’assurer le bien-être du cheval et une traçabilité à vie de son parcours. Il assure notamment : 

  • L’interdiction d’abattage 
  • L’impossibilité pour le cheval de réintégrer la filière course (ni en France, ni à l’étranger)


L’association Passerelle, spécialisée dans la reconversion des trotteurs interdit aussi :

  • La réalisation de protocole expérimental sur le cheval


Le lien n'est jamais rompu. Le propriétaire s’engage également à donner des nouvelles du cheval à l’association et à l’écurie de reconversion au moins une fois par an. 


Suivant ses aptitudes et ses prédispositions, le nouveau propriétaire va, sur les bases des conseils qui lui sont donnés, pouvoir démarrer la pratique d'une discipline. Ce qui ne veut pas dire que le cheval saura dès le départ tout faire. Evidemment, le nouveau propriétaire devra poursuivre la formation de son cheval, étape après étape, en fonction de la discipline retenue (Dressage, CSO, Horse-ball, loisirs, etc.). 

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Aider les chevaux à trouver leur deuxième famille est donc l'objectif des associations de reconversion. Mais leur but premier - au-delà de la mission d'accompagnement qu'elles se sont données - reste le bien-être du cheval.


Les structures d’accueil partenaires des associations s'engagent donc à respecter la Charte pour le bien-être équin (mise en place par la FNCH, l'IFCE et la FFE notamment). Une grande importance est accordée aux conditions de vie du cheval, il est primordial par exemple que celui-ci sorte au paddock tous les jours et conserve des contacts physiques avec ses congénères. 


Comme n’importe quel cheval, les pur-sangs ou les trotteurs nécessitent des soins et de l’attention. Tout autant que les chevaux de selle.


Acheter un cheval, peu importe sa valeur financière, engage la responsabilité de son propriétaire, et ce, tout au long de sa vie.


L'histoire n'en sera que plus belle au fil du temps. "Ce sont des chevaux au grand cœur qui rendent au centuple aux propriétaires ce qu’ils peuvent leur apporter » selon Carole Desmetz.