De la naissance à la reconversion : les étapes de la vie du cheval de course
Bien-être - REPORTAGE

De la naissance à la reconversion : les étapes de la vie du cheval de course

#RACEANDCARE

Si les pratiques d'élevage et d'apprentissage des chevaux de selle nous sont assez familières, le monde des chevaux de course possède ses propres codes, souvent méconnus du grand public et des cavaliers de sport et de loisir.

Envie d'en savoir plus ? On passe en revue les différentes étapes de vie d'un cheval de course avec notre partenaire la Fédération Nationale des Courses Hippiques (FNCH) : de la naissance à la reconversion en cheval de selle.


1/ Il naît puis devient yearling : laisser sa personnalité se développer et cultiver son instinct grégaire


Objet de toutes les attentions de la part des professionnels (éleveur, personnel d'écurie, vétérinaires et propriétaire) dès la naissance, le poulain destiné à courir des courses porte les espoirs de son entourage. Il démarre sa vie dans un contexte de pleine nature et de soins attentifs.


  • La période de poulinage se situe généralement entre le 1er janvier et le 30 juin, au terme des 10 à 12 mois de gestation. La mise bas a souvent lieu en fin de nuit. Entre sa naissance et le 31 décembre de la même année, le poulain reste avec sa mère et porte le nom de foal. C'est ensuite vers l'âge de 6 mois que le poulain délaisse le lait maternel et est sevré.
  • Il poursuit alors sa croissance au pré avec d'autres chevaux du même âge, ce qui est primordial pour préserver son instinct grégaire, très important lors de la course qui va fonctionner beaucoup à l'instinct. Si l'herbe reste la principale source de nourriture, les chevaux de course comme les chevaux de selle sont complémentés, notamment l'hiver lorsque l'herbe se fait plus rare.
  • À partir du 1er janvier suivant l'année de leur naissance, les foals deviennent des yearlings, et c'est seulement vers la fin de cette année que les jeunes sont débourrés. Ils ont passé près de 2 ans en troupeau et en pleine nature. C’est une étape cruciale, car il s'agit du premier contact avec l'homme.
  • L'apprentissage se fait en douceur et dans la durée. Dans le milieu des courses, il faut compter en moyenne de 8 mois à 1 an avant que le poulain ou la pouliche soit déclaré(e) apte à courir en compétition. L’âge minimum pour courir est d’ailleurs fixé à 2 ans.


2/ 1 cavalier-soigneur pour 3 chevaux : le ratio pour s'occuper d'un cheval dans les courses


Toutes les personnes qui oeuvrent au côté des chevaux de course (Eleveurs, maréchal, soigneur, cavaliers d’entrainements…) sont des spécialistes qui leur prodiguent des soins très étudiés et justement dosés au quotidien. Rien n'est laissé au hasard, la gestion du cheval de course peut s'apparenter à la gestion d'une écurie de formule 1.


  • Les équipes reçoivent une formation qui inclut une dimension spécifique au bien-être équin. Les candidats à la licence d’entraîneur se forment pendant 2 jours minimum à l’hygiène et la santé du cheval. Ils sont également formés et sensibilisés à la notion de dopage, un sujet strictement contrôlé dans les courses (beaucoup plus que dans le milieu des sports équestres).
  • Les cavaliers-soigneurs, lads, etc.. possèdent une bonne connaissance des caractéristiques cognitives et physiologiques du cheval. A travers leur accompagnement quotidien, ils développent une relation forte avec leurs chevaux, facteur clé de réussite en compétition. Comme dans l'équitation.
  • L’entourage du cheval est également conseillé et accompagné par des vétérinaires, dentistes, maréchaux-ferrants, ostéopathes…Le recours à la thalassothérapie est extrêmement fréquent. Au même titre que les canter ou heat sur la plage, quand l'entraîneur dispose d'une structure située en bord de mer.
  • En 2018, la filière des courses employait en France près de 11 000 personnes pour prendre soin des 27 185 chevaux à l’entraînement, soit un ratio supérieur à 1 professionnel pour 3 chevaux en moyenne. Soit près de deux fois plus d'humains aux petits soins que dans l'équitation classique.
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3/ Son entraînement est scrupuleusement dosé


L'entraineur est le chef d'orchestre de la gestion des chevaux. C'est lui qui gère quotidiennement le planning d'exercices et de compétition des chevaux qui lui sont confiés, selon des programmes personnalisés basés sur l'observation quotidienne et l'échange du ressenti avec le cavalier d'entraînement.

Une vigilance spécifique est accordée aux phases de repos qui doivent être suffisamment longues et nombreuses pour préparer et/ou récupérer de l'effort intense de la course.


Si vous les voyez au petit matin marcher en cercle autour de l'entraîneur (pour le galop par exemple), c'est que celui-ci est en train de passer en revue leur état de forme avant de décider de l'exercice du jour.


En résumé :

  • Le programme de chaque cheval est personnalisé en fonction de son âge, de sa condition physique et de ses capacités.
  • L'entrainement se fait toujours en groupe, presque toujours avec le même cavalier et assez tôt le matin, pour profiter des meilleurs conditions
  • L'intensité de l'entrainement est progressif et très suivi.
  • Les phases de repos entre les périodes de compétitions sont nombreuses pour préserver leur motivation et leur intégrité physique.
  • Les différents niveaux de compétitions proposés permettent aux chevaux de participer à des épreuves adaptées à leurs capacités du moment.
  • On observe également de plus en plus d'outils connectés que l'entourage du cheval utilise afin de renforcer le suivi physiologique du cheval. Au-delà de son expertise, l'entraîneur a alors des repères plus précis pour doser et équilibrer l'effort demandé au cheval athlète.


4/ Comprendre ce qu'il vit le jour de course


Les jours de courses, le protocole est millimétré, de l'échauffement à la récupération :

  • À l'arrivée la puce et carnet de santé de chaque cheval est vérifié.
  • Chaque cheval ne court qu’une seule course.
  • Il arrive sur l’hippodrome plusieurs heures auparavant, accompagné par son lad qui le connait par cœur et sait comment créer les meilleures conditions mentales et physiques avant l’échéance
  • Il va l’accompagner pendant la première partie de son échauffement pour que le cheval prenne ses marques en douceur.


Au Trot, une ou deux heures avant le départ, le driver commence par le "heat": une série de courses d’échauffement dont la vitesse augmente graduellement.

Au galop, les chevaux sont « marchés » en mains durant une longue période (souvent plus d'1 heure) avant les courses pour les détendre et échauffer progressivement leur organisme.


A l’issue de cette première phase, le lad confie son protégé au jockey ou au driver qui va le conduire en course. Ce dernier lui fait encore réaliser un canter, petit galop d’échauffement jusqu’à la ligne de départ, pour que le cheval s'approprie les lieux et achève sa préparation physique.


Les courses sont le circuit de valorisation des pur-sangs et trotteurs français, comme le circuit Elevage-SHF est celui de la valorisation de l'élevage français du cheval de sport.

 

Après la course, qui est une épreuve sportive de haut niveau, une phase de récupération est nécessaire.


  • Après avoir franchi la ligne d’arrivée, le cheval reste quelques minutes en piste et court à une allure largement réduite. Cette pratique permet une diminution progressive de sa fréquence cardiaque, la reprise d’un souffle plus régulier, la baisse de la température corporelle et l’élimination des toxines. 
  • A sa sortie de piste, si le cheval est classé, le passage dans le rond des gagnants est rapide. Il est ensuite pris en charge par son lad, et immédiatement dessellé et abreuvé. S’il fait chaud on le rafraichit.
  • Le cheval est longuement marché (souvent plus d'1 heure), douché, pansé et peut se reposer avant de reprendre la route.
  • De retour aux écuries, il va se préparer tranquillement jusqu'à son prochain rendez-vous sportif, qui n'aura pas lieu avant 3 semaines au minimum.
  • Il bénéficiera de soins adaptés à la récupération : argile, bain de soleil avec lampe (solarium), marcheur...



5/ Santé et contrôles : le code des courses est intransigeant


Seuls des chevaux en bonne santé peuvent concourir et dans le respect de leurs limites physiques naturelles.


Concrètement :

  • Aucune médication n’est autorisée en course. Les substances dopantes peuvent dissimuler un problème de santé chez le cheval ou bien lui permettre de dépasser ses limites physiques en masquant la douleur ou en augmentant artificiellement sa puissance. Les vétérinaires agréés par la Fédération Nationale des Courses Hippiques sont là pour veiller au respect de cette règle et sont intransigeants. Des contrôles sont opérés sur les partants dans la quasi-totalité des courses.
  •  Les boxes sont nettoyés et scellés avant chaque course et certains vaccins sont obligatoires (grippe et rhinopneumonie) pour tous les chevaux à l’entrainement comme en course.
  • Avant la course, les commissaires observent les chevaux à l’échauffement. Ils peuvent, s’ils le jugent utile, solliciter le vétérinaire de piste.
  • Ils sont également en charge de vérifier que l’équipement des partants est réglementaire (poids du matériel, longueur de la cravache inférieure à 68 cm, état du casque et du gilet de protection...)
  • Une fois le départ donné, les commissaires installés dans un camion vitré qui roule à la même vitesse que la course, contrôlent les comportements dangereux ou inappropriés qui peuvent menacer l’intégrité des partants : changement anormal de trajectoire, monte dangereuse, usage abusif de la cravache…


Les manquements graves sont heureusement très rares mais ils sont lourdement sanctionnés. Le code des courses et les conditions générales évoluent régulièrement pour s’adapter aux progrès des connaissances en matière de bien-être équin. 

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6/ Les hippodromes : des lieux pensés pour l’accueil et le confort des chevaux athlètes


Les 2 275 réunions de courses réparties sur les 235 hippodromes français répondent à un cahier des charges très précis en matière d’infrastructures, d’équipement, de sécurité et d’organisation. L’Institution s’engage à assurer la sécurité des chevaux et des hommes qui participent aux courses hippiques, au même titre que l'ensemble des autorités qui organisent des manifestations sportives avec des athlètes de haut niveau.


Les équipes techniques sont mobilisées sur chaque hippodrome pour accueillir les chevaux dans les meilleures conditions les jours de course.


En clair :

  • Les pistes sont entretenues avec le plus grand soin tout au long de l’année. La souplesse du terrain doit être adaptée à l’intensité de l'effort et assurer la sécurité des partants. Elle est mesurée avant chaque course.
  • Les abords des obstacles (pour le steeple) sont aménagés et leur structure révisée régulièrement.
  • Des lices sécurisées souples et amortissantes ont été installées.
  • La matière des barres d’appel des obstacles absorbe désormais les chocs de manière à limiter le risque de blessures et de chutes.
  • En cas d’aléa climatique ou de piste jugée impropre à la compétition, les courses sont déplacées ou annulées.



7/ La reconversion : la solution pour assurer une seconde vie aux chevaux de course 


La carrière d’un cheval de course va varier notamment en fonction de la discipline pratiquée. Les trotteurs peuvent courir jusqu'à leurs 10 ans, mais les galopeurs peuvent être arrêtés dès leur 4ème année.


Après leur vie de coureurs, parfois très courte, certains chevaux et surtout les plus performants vont être orientés vers la reproduction en tant qu’étalons ou poulinières pour transmettre leurs qualités aux générations futures. Dans tous les cas, la majorité quittera l’entraînement à l’initiative du propriétaire ou de l’entraîneur, dès que les perspectives d'évolution le méritent.


Pour ça, les Sociétés Mères des courses, France Galop et Le Trot s'appuient sur trois associations qui oeuvrent au quotidien pour la reconversion des chevaux de course, et avec lesquelles elles ont conclu des partenariats. Les cavaliers ont alors la chance de rencontrer des chevaux dont la personnalité s'est développée en même temps que leur superbe condition physique. Ces jeunes chevaux sont alors prêts à rencontrer le cavalier/ la cavalière de leur vie.


Comment ça se passe? Au-delà des pistes, Passerelle ou encore la Fédération Française de la Reconversion recherchent des solutions pour offrir aux chevaux de course une "deuxième vie" lorsque leur carrière en course s'achève.

Ces jeunes chevaux acquièrent alors, grâce aux structures agréées par ces associations, de nouveaux savoir-faire et codes indispensables à leur nouvelle vie. Une fois prêts, ils sont proposés à la vente aux cavaliers.

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