Lou Fontanel est cavalière depuis toute petite. Habituée aux CSI 1* et 2*, elle a pourtant pris la décision il y a quelques mois d'arrêter l'équitation. Une décision radicale sur laquelle elle peut aujourd'hui poser des mots. Ambassadrice Horse Republic depuis des années, nous avons pris de ses nouvelles, après plusieurs mois les pieds à terre.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Lou Fontanel, j’ai 22 ans. J’ai commencé à monter très jeune, vers l’âge de 3 ans. A cette époque, mes soeurs pratiquaient déjà l’équitation, et elles me faisaient monter sur leurs chevaux après leurs cours. J’ai vraiment commencé à prendre cette passion au sérieux à l’âge de 15 ans quand je suis partie en Sport-étude. A ce moment, j'étais déjà cavalière au sein des écuries de mes parents, au Haras KRF, où j’ai commencé à construire ma bulle. Mais des angoisses s'y sont installées au fur et à mesure.
Tout semblait bien lancé pour te professionnaliser dans le milieu, à quel moment t'es-tu rendue compte que ce n'était pas ta place ?
Lors de mon année en DEJEPS (...), j’ai reçu une proposition d’un éleveur pour aller m’occuper de ses chevaux. J’ai accepté : cela me permettait de découvrir un autre système que celui de mes écuries, où j'ai eu du mal à trouver ma place aux cotés de ma soeur Claire et de son compagnon, Adrien Berne, qui sont les cavaliers principaux de l'écurie. Je suis donc partie dans cette nouvelle aventure, c’était une expérience géniale puisque ça avait toujours été un rêve pour moi de travailler dans cet univers. Puis ça a été très dur car j’ai réalisé que sur le long terme je n’allais pas être heureuse si je restais. Les chevaux, c’est beaucoup de responsabilités, que ce soit en tant que propriétaire ou lorsqu'on travaille auprès d'eux. Il faut être prêt à ne pas culpabiliser de prendre quelques jours de repos, ou de sortir avec des amis : j'avais envie de prendre du temps pour moi. Je suis donc partie au bout d’un mois. Et j’ai décidé de faire tout ce que je n’avais jamais fait auparavant : me recentrer. Quand j’ai arrêté, c’était réfléchi. Je respecte tellement les chevaux que si je n’arrive pas à m’investir à 100%, je préfère les laisser à d’autres cavaliers.
En mai 2022, tu as pris la décision radicale d'arrêter l'équitation pour une durée indéterminée. Pourquoi ne pas avoir gardé cette pratique en tant que loisir ?
J’ai été en Sport-étude pendant des années, et j’ai toujours pratiqué l’équitation avec des objectifs de compétition. Je m’investis énormément quand j’aime quelque chose. Travailler dans le milieu équestre ou être propriétaire de chevaux, c’est beaucoup de responsabilités, je ressentais le besoin d'agir en fonction de mes envies et de m’écouter. A mon arrêt, j'ai voulu réaliser mon rêve : partir aux États-Unis. Je m’étais dit qu’à mon retour j’allais voir si je reprenais ou pas l’équitation. Et à la rentrée, cette envie de remonter n’était pas là. Tant que je ne la ressens pas, je ne reprendrai pas.
En arrêtant de te consacrer à 100% aux chevaux, as-tu pu reprendre tes études ?
En septembre 2022, j’ai été prise dans une prépa d’ingénieur et au bout d’un mois, je me suis rendue compte que ça n’était pas pour moi. Quelque chose manquait à ma vie, je n'étais pas heureuse.
Le cheval fait partie intégrante de ta famille. Comment le vis-tu et comment ton choix a-t-il été perçu par ton entourage ?
Mes parents m’ont toujours soutenu dans ma décision. Ils savent que ce métier est difficile et c’est pour ça qu’ils ont compris mon choix. Depuis que j'ai arrêté, je parviens à me protéger des émotions que je ressens vis-à-vis des chevaux quand j'en entends parler. J’ai eu besoin de partir loin de tout ça lors de mon voyage aux États-Unis et ça m’a fait du bien. Même si aujourd’hui j’ai du mal à trouver un métier que j’aime et qui ne dépende pas des chevaux, mon entourage m'épaule.
Tu fais régulièrement des vidéos sur TikTok dans lesquelles tu expliques tes choix. Qu’est-ce que ça t’apporte ?
Je me suis rendue compte qu’il y avait énormément de gens qui ont vécu la même histoire que moi, à différents niveaux. Pour moi, c’est plus facile de faire des vidéos sur internet, plutôt que de me confier à ma famille et mes amis. Je me sens comprise et j’ai le sentiment d’aider des gens.
Si tu devais faire un "point étape" 6 mois après ton arrêt de l’équitation, quel serait-il?
Pour moi, l’équitation c’est de la compétition, j’aime avoir des objectifs. Je n’ai jamais été une cavalière de « balade ». Mon ancienne jument de tête, Violetta Batilly, est, en parallèle de mon arrêt, partie à la retraite, toujours chez mes parents. Si je reprends, je souhaite me concentrer à un seul cheval et faire LA rencontre.
Avec du recul, je pense que se remettre en question c’est bien, mais se rabaisser n’est pas non plus la bonne solution. Je reste convaincue que l’équitation est ma passion. J’ai essayé d'autres sports mais rien ne m’a jamais fait autant vibrer. À moi de trouver le juste milieu pour pouvoir m’y remettre un jour !