Chaque année, des centaines de chevaux issus des champs de course sont reconvertis à l'équitation classique. Julie et Arnaud sont de ceux qui offrent à ces athlètes une seconde vie. On vous ouvre les portes de l’Association Impulsion Reconversion, affiliée à la Fédération Française de la Reconversion.
1/ Une passion venue des États-Unis
La structure Impulsion Reconversion est le fruit d’un amour pour le milieu des courses. Située à Bray-en-Val (45), l’écurie a été fondée en 2020 par Julie Degand, après un long moment passé aux États-Unis.
« Lorsque je me suis expatriée aux États-Unis, j’ai découvert la filière des courses. J’ai travaillé quelques temps au Jockey Club Américain, où je faisais du suivi de chevaux réformés, et j’ai beaucoup aimé ce milieu. » explique Julie.
Alors, lorsqu’elle rentre en France, la jeune femme n’a qu’une idée en tête : fonder sa propre écurie de reconversion aux côtés de son compagnon, Arnaud, cavalier professionnel et moniteur d’équitation.
« En octobre 2020, on a ouvert l’Association Impulsion Reconversion. On a commencé en accueillant 9 chevaux, puis 15 l’année suivante. Et en décembre 2021, on s’est installés au sein de notre propre écurie. » raconte Julie.
Des installations personnelles qui permettent au couple de disposer d'une grande liberté vis-à-vis des chevaux qu’il reçoit au sein de la structure.
« Le fait d’avoir nos propres écuries nous permet d’accueillir les chevaux sans discrimination : les chevaux blessés, ceux qui sont très jeunes, les chevaux convalescents, etc. » précise Arnaud.
Cet accueil sans discrimination a ensuite poussé le couple à innover pour pouvoir rendre son activité rentable.
2/ Une reconversion sans discrimination
Parmi les chevaux recueillis par l’Association Impulsion Reconversion, certains peuvent présenter des pathologies importantes, et sont obligés de rester immobiles ou de subir des traitements pendant plusieurs mois. Alors, Julie et Arnaud ont dû ajuster leur fonctionnement.
« Il y a certains chevaux qu'on ne peut pas proposer à la vente car même si leur coût d’achat est très bas, ils auront besoin de soins à vie. Alors, on a cherché une alternative pour que ces chevaux bénéficient d’une nouvelle vie, et qu'on puisse continuer à veiller sur eux en même temps. » explique Arnaud.
La solution que le couple a trouvé est la demi-pension. Une partie des chevaux reconvertis est donc proposée aux cavaliers afin de permettre à ces anciens athlètes de continuer une activité physique malgré leurs pathologies, mais aussi d'offrir aux cavaliers des méthodes d'apprentissages uniques : ne pas tirer, s’adapter à chaque cheval, etc.
De plus, le couple a réussi à intégrer l'étape de la demi-pension au sein même du processus de reconversion.
« Chez nous la reconversion se fait en plusieurs étapes, étalées sur 6 mois environ. Quand le cheval arrive, on le met au repos et on le manipule uniquement à pied. Une fois qu’il est suffisamment en confiance, on le met au travail. Ensuite on s’occupe de la reconversion montée, et enfin, quand c’est possible on propose le cheval en demi-pension pour qu’il prenne l’habitude de certaines erreurs possibles du cavalier. Cette dernière étape permet de préparer l’essai, et d’amorcer l’arrivée d’un nouveau cavalier sur le dos du cheval. » raconte Julie.
Et quand le cheval est « prêt à partir », c’est lui qui le montre à Julie et Arnaud à travers son comportement : il devient disponible, montre sa satisfaction à aller travailler ou à se faire brosser.
À partir de ces signes, le couple pourra prendre la décision de mettre le cheval en vente. S’en suivront ensuite différentes étapes avant que le cheval trouve sa nouvelle famille.
« Dans un premier temps, la personne intéressée nous contacte, on échange pas mal de messages par WhatsApp ou Messenger. Ensuite on effectue un entretien téléphonique durant lequel on pose un tas de questions sur le niveau du cavalier, son encadrement, le mode de vie qu’il souhaite proposer au cheval, etc. Puis, si on pense que cela conviendrait au cheval, on propose un rendez-vous, afin de présenter le cheval, et de lui expliquer comment il fonctionne. Et si on sent que ça pourrait matcher, on propose un essai. » explique Arnaud.
Une fois que l’essai est passé, Julie et Arnaud se donnent un délai de 48h à 72h pour réfléchir et prendre une décision.
« Une fois qu’on pense que cela peut correspondre, on revient vers eux et soit on se met d’accord, soit on propose un deuxième essai. À partir du moment où la personne nous contacte, il n’y a pas de course à l’essai, personne d’autre ne peut venir essayer le cheval entre temps. » précise Julie.
Une fois que le cheval a trouvé son propriétaire, ce dernier doit donner des nouvelles régulièrement à Julie et Arnaud. Et s’ils décident un jour de revendre le cheval, le couple est prioritaire pour pouvoir le racheter.
3/ Une véritable solidarité entre les structures de la FFR
Au-delà de gérer l’Association Impulsion Reconversion, Julie Degand est également Présidente de la Fédération Française de la Reconversion. Elle constate une véritable entraide entre les structures affiliées.
« On est trois structures affiliées FFR dans notre département. Et on travaille vraiment ensemble : on s’envoie des clients en recherche de chevaux, on se transfère des chevaux, lorsqu’il y a une demande de placement urgente, on fait en fonction de celui qui est le plus près géographiquement. » explique Julie.
En plus de cette entraide, l’affiliation à la FFR permet de rassurer le cavalier qui recherche un cheval.
« La Fédération a été créée pour permettre au grand public de faire la distinction entre des personnes qui s’inventent écurie de reconversion car ils ont vendu un cheval reconverti une fois, et les véritables écuries de reconversion. Mais elle permet aussi de sécuriser l’avenir des chevaux. » précise t-elle.
Le travail des écuries de reconversion comme celle de Julie et Arnaud, permet aussi d’influencer positivement les pratiques de leurs partenaires dans les courses.
« En nous côtoyant, ils améliorent leurs façons de faire avec les chevaux. Par exemple, ils nous les envoient directement quand ils sentent que ça ne va pas, plutôt que de les forcer. De ce fait, on récupère très peu de chevaux atteints de problèmes psychologiques, car ils ont été bien traités avant."
Une raison de plus qui pousse le couple à combattre au quotidien les stigmatisations sur le milieu des courses.
« Parfois on extrait même des rediffusions de courses ou entrainements pour les envoyer aux gens afin qu’ils se fassent une vraie idée de la manière dont le cheval est traité. »
De cette manière Julie et Arnaud espèrent qu'un jour, leurs efforts parviendront à convaincre le grand public de la bienveillance avec laquelle sont traités les chevaux dans le milieu des courses.
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