À quelques jours de son départ pour la finale du circuit FEI Coupe du monde de saut d’obstacles à Leipzig en Allemagne, notre cavalier ambassadeur Grégory Cottard s’est livré sur ses derniers mois passés, son évolution et cette finale, tant attendue. Il sera d’ailleurs le seul à porter les couleurs françaises lors des épreuves de saut d’obstacles, aux côtés de ses camarades Morgan Barbançon-Mestre, Lambert Leclezio et Manon Moutinho, l’une dresseuse et les deux autres voltigeurs.
Horse Republic : Depuis plus de deux ans, la Covid-19 s’est installée dans nos quotidiens entrainant un nouveau rythme de vie et des remises en question pour beaucoup. Avec du recul, quelles leçons as-tu pu en tirer ?
Grégory Cottard : La période où nous devions plus rester chez nous m’a fait du bien. J’ai repris les concours à fond mais je sens quand même que j’ai besoin de rentrer chez moi pour retrouver mes chevaux et développer davantage notre complicité. C’est vrai que j’ai une méthode de dressage de mes chevaux qui est différente des autres. Elle est plus axée vers le côté « cow-boy », j’ai repris les grands schémas des chuchoteurs et éthologues. Ce n’est plus l’équitation traditionnelle à proprement dit où le cheval est dressé avec contrainte. Moi, je travaille plus le côté mental et l’instinct grégaire de mes chevaux. J’ai pu davantage développer cette méthode pendant le confinement et je me suis aperçu que ce fonctionnement était très bien pour eux : tout devient plus facile pour leur apprendre des choses. Ça ne sert à rien de rentrer en conflit avec les chevaux et leur faire voir la force qu’ils ont. Il faut la garder et leur montrer qu’ils peuvent s’en servir pour le sport.
Utiliser la force avec nous plutôt que contre nous.
Horse Republic : Cette qualification pour la finale ne figurait pas dans tes objectifs pourtant t’y voici. Comment s’est passée la préparation ?
Grégory Cottard : L’année dernière, j’avais pas mal d’objectifs en équipe de France et c’est vrai que je voulais terminer avec un ou deux bons concours indoor. Il s’est avéré que j’ai fait un bon classement à La Corogne (deuxième du Grand Prix Coupe du monde, ndlr) puis d’autres concours se sont annulés : je me suis retrouvé propulsé à la finale. Ce n’était pas du tout dans mon planning donc j’ai emmené Bibici en CSI 2* en Hollande et en Belgique puis au Danemark pour concourir un 3* afin de la mettre sur la hauteur en enchainant plus de parcours. Il fallait que je la mette en condition ! À Leipzig, ce sont quatre/cinq parcours où il faut être bon. J’ai dernièrement été au Saut Hermès pour faire un CSI 5* et nous avons terminé la préparation à Villers-vicomte avec un parcours monté par Grégory Bodot (chef de piste, ndlr) pour régler des détails, Henk Nooren (sélectionneur et entraineur national, ndlr) aussi était présent. La jument a beaucoup de qualité, on se connaît bien mais chacun a des petits défauts qui peuvent nous emmener à la faute donc cette dernière préparation a servi à affiner les détails.
Horse Republic : À quelques jours de cette finale, comment Bibici va ?
Grégory Cottard : Elle va bien ! Le vétérinaire lui a fait un check-up et le maréchal l’a referrée. Moi, je continue de la balader et de la mettre au paddock. J’avais intensifié le travail avant de diminuer ces derniers jours pour qu’elle ne soit pas fatiguée et arrive en grande forme en Allemagne. Je la sens bien dans notre système et je trouve qu’on a progressé par rapport à l’année dernière.
Horse Republic : Être le seul français pour la section saut d’obstacles rajoute-t-il une pression ?
Grégory Cottard : Je me mets la pression parce que j’ai envie de bien faire mais je pense que s’il y avait eu les autres français, ça n’aurait rien changé. Je me rends à Leipzig avec l’envie de partager ce moment avec les voltigeurs et la dresseuse. Comme cette sélection était plutôt inattendue, j’y vais surtout pour découvrir.
Horse Republic : Cette année est synonyme de championnat d’Europe mais aussi de Jeux équestres mondiaux. Comment vois-tu la suite ?
Grégory Cottard : Pour l’instant, je n’ai que la finale en tête. J’ai vraiment besoin de faire cette finale Coupe du monde pour savoir quoi faire après.
C’est pour moi important de savoir où j’en suis avec Bibici dans ce système.
Ça se trouve, je ne vais pas me sentir à l’aise et je ne vais plus avoir envie de faire de gros championnat. À voir !
Crédit photos : Horse Republic